Né à Carnac (56), Guillevic reste un très grand poète.

1942. C'est vers l'action que le poète aux mains nues mais à la vue immense est entraîné. Sous le pseudo de Serpières, Guillevic livre ses rimes à 'l'Honneur des poètes', recueil de poésies collecté par Eluard et qui rassemble ceux qui disent non aux occupants allemands : Vercors, Aragon, Tardieu, Desnos...
C'est qu'il y est né, à Carnac. Et son départ précoce vers le Nord puis l'Alsace le coupe peut-être du breton mais pas de la Bretagne. Il s'en rapproche d'ailleurs en 1935, en se fixant à Paris. Inspecteur de l'Economie nationale, Guillevic en veut pourtant plus aux mots qu'aux chiffres. « Les mots, les mots ne se laissent pas faire comme des catafalques. Et toute langue est étrangère... »
Un chat, un chat
Les mots, les vers, il les aime nus, dépouillés comme la lande bretonne. Chez Guillevic, ni « merveilleux nuages », ni anecdote, ni métaphore : la poésie tend vers un matérialisme épuré. On y appelle une pomme une pomme : « Il y aura toujours dans l'automne, Une pomme sur le point de tomber. Il y aura toujours dans l'hiver, Une fontaine sur le point de geler. L'ennemi, Nous le connaissons».
L'ennemi pour Guillevic, c'est la mort -omniprésente dans son oeuvre- et ceux qui la donnent. Pas question alors de capituler, et, pour se battre, il y a les mots qu'avec obstination Guillevic déroule en hommage aux êtres, à la terre et ses choses.
Cette réalité dont jamais il ne s'affranchit, pour toujours plus de poésie terrestre et humaine.