Jules Michelet à l'affût de la Révolution

Jules Michelet à l'affût de la Révolution

De 1852 à 1854 à Nantes, Michelet révolutionne l'approche historique. En évoquant....la Révolution.

Publié le 13/07/2005
Modifié le 24/05/2018
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Jules Michelet

1852, 13 juin. Son épouse à un bras, son chat Pluton dans l'autre, Jules Michelet débarque à Nantes du train de Paris. L'été pointe son nez à travers les verrières de la gare toute neuve, mais Michelet a le coeur en hiver. Ayant refusé de prêter serment à l'Empire, il vient d'être jeté du Collège de France, où il professait.

La famille s'installe sur le coteau Saint-Félix, dans une petite propriété entourée d'un verger « où les nuits moins étincelantes que celles du Midi étaient légèrement gazées d'une brume tiède ». L'exil nantais dure un an, mis à profit par l'historien pour mettre la dernière main à son « Histoire de la Révolution », travail rendu possible par la qualité de la vie culturelle nantaise.

Enfant de la Révolution

Jules y rencontre de vrais intellectuels, témoins survivants de 1789-1793. Paris lui manque pourtant; il y est né, dans la nef d'une église dont l'Etat révolutionnaire s'est emparé. Son père, imprimeur, fabrique les assignats qui remplacent l'or, l'argent et la monnaie de billon.

L'argent manque d'ailleurs à la maison : « Je suis né comme une herbe sans soleil, entre deux pavés de Paris ». Indigent et sans le réconfort du baptême. Mais dans le monde de l'imprimerie, les livres s'entassent et Michelet, à défaut de nourriture terrestre, en avale par centaines.

Pour gagner sa croûte, il publie de petits manuels scolaires. On connaît la suite : royaliste devenu précepteur de la famille royale puis chargé de la section historique aux Archives du royaume, enfin prof au Collège de France, il rédige, entre 1833 et 1846, sa fameuse « Histoire de France », remarquable par la densité de ses évocations de la vie quotidienne. Michelet révolutionne l'approche historique en replaçant l'homme ordinaire au c?ur de l'événement.

Un trait de génie qui le rapproche de Victor Hugo, son contemporain, qu'il feint d'ailleurs d'ignorer : « Nous ne nous rencontrons pas. Les lions vivent isolés, mais nos pensées sont des aigles et se saluent dans les airs ».

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