Saint-Pol Roux, la parole d'un poéte oublié

Saint-Pol Roux, la parole d'un poéte oublié

Il écrit des vers comme d'autres pêchent la sardine. De quoi étonner les habitants de Camaret.

Publié le 13/07/2005
Modifié le 19/06/2018
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Saint-Pol Roux

1908. Le « célestrogramme » placardé sur les murs de Camaret annonce la fête. Suit au quai le Père Noël, alias Pierre-Paul Roux dit Saint-Pol Roux, qui débarque des jouets pour tous. Avec de telles prodigalités, le Monsieur de Paris, installé depuis peu sur les hauteurs, ne risque pas de passer inaperçu. D'abord parce qu'il est Marseillais, que son nom sonne comme un retour de cigales après l'hiver. Ensuite parce qu'il écrit des vers comme d'autres pêchent la sardine.

Rendez-vous en Celtie

Saint-Pol Roux, dit le Magnifique par les autres poètes symbolistes, se fixe à Camaret sur les conseils d'une voyante croisée boulevard de Clichy : « Vous devez vous rendre en Celtie ». « Par un matin d'huissier », Saint-Pol Roux et son épouse grimpent donc dans le Paris-Brest pour un face-à-face avec l'océan appelé à durer 42 ans.

A Roscanvel, une petite chaumière abrite la famille avant que le poète, regonflé par un héritage paternel, ne transforme une maison de pêcheur en édifice wagnérien, deux ailes et huit tourelles complétant le « manoir du Boultous ».

Pure tragédie...

C'est là, sur ce promontoire dominant l'océan « qu'il invente des images éclatantes, des musiques célestes », selon les mots de Xavier Grall, au nombre de ses admirateurs. Comme peuvent l'être aussi les lecteurs de La Dépêche, à qui Saint-Pol Roux confie régulièrement des vers. Une vie de poésie pure ébranlée par un premier drame, la mort du fils aîné pendant la Grande Guerre. Drame suivi d'une tragédie totale, venue de l'Est, la nuit du 22 juin 1940. Ce soir-là, un soldat allemand ivre sème la terreur au manoir. Transporté le 14 octobre 1940 à l'hôpital de Brest, le poète meurt le 18. Une masse considérable de manuscrits : (« Le Trésor de l'homme », « La Répoétique »), découverts des années après la mort du poète, a pourtant survécu au pillage.

Ces inédits portent jusqu'à nous la parole d'un poète oublié.

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