Boulou pok : une tradition ancestrale

Boulou pok : une tradition ancestrale

Guerlesquin ne joue pas au boulou pok qui veut ! Vous n'êtes pas Guerlesquinais pur jus, arrière ! Vous êtes une femme, vade retro ! Ce n'est pas qu'on soit misogyne à Guerlesquin, mais c'est la tradition, en ce jour de Mardi-Gras. Et la tradition c'est sacré, surtout quand elle remonte au XVIe !

Publié le 13/04/2006
Modifié le 08/04/2024
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Boulou pok, le jeu tradi breton
Le Télégramme Tourisme

Le championnat du monde de boulou pok se déroule une seule fois par an, le jour du Mardi-Gras, sur la place du Bourg, à Guerlesquin.

Il règne ce jour-là une belle animation sur l'aire de jeu en terre battue de la place du village. Depuis l'an passé, les palets sont restés bien au chaud au fond des poches. C'est donc avec une légitime impatience que les joueurs attendent cette édition nouvelle. « On ne s'entraîne jamais entre les championnats. On joue le jour des Gras et c'est tout », explique Marcel Lescop, un fidèle du boulou pok.

Les Nordistes et les Sudistes

Les deux équipes en lice, pour ce championnat unique au monde, sont constituées des nordistes et les sudistes. « Les Nordistes demeurent au nord de la place et les Sudistes au sud. Quant à ceux de l'est ou de l'ouest, ils peuvent choisir leur équipe », dit encore Marcel Lescop.

La tradition, explique-t-il, pas peu fier, a plus de quatre siècles. A l'époque, pour juguler les chamailleries opposant ses ouailles, le curé de Guerlesquin imagina ce jeu, pour la paix des âmes.

Mi-jeu de boules, mi-jeu de palets, les règles sont simples. L'objectif consiste à lancer les boulou le plus près possible du « mestr » (le maître) qui n'est autre qu'une boule de bois coupée aux deux-tiers, reposant sur l'aire de jeu.

Les boules, en frappant le sol, font pok ! Et voilà le boulou pok.

Fabriqués par deux Guerlesquinais

Les palets, on ne les trouve évidemment pas dans les rayons des magasins. Chacun est une pièce unique fabriquée dans le village. Ils ne sont plus que deux à le faire : Marcel Lescop et Eugène Jouanet. « On creuse un morceau de bois résistant à la chaleur et on coule du plomb à l'intérieur. Autrefois, on se servait de buis, mais aujourd'hui comme il se fait rare, on prend du bois exotique. Ensuite, on lime le plomb pour obtenir un côté plat ».

Contrairement aux autres jeux de palets, concentration et silence ne sont pas de mise dans le boulou pok. Au contraire. « C'est fait pour être bruyant et, si tous les coups ne sont pas permis, on peut toutefois entraîner les joueurs de l'équipe adverse au bistrot, puisque cela fait aussi partie de la tradition ».

Feuilles de lauriers aux vainqueurs

Le soir, à l'issue des deux manches et peut-être de la belle, les tenanciers des cafés se mesurent entre eux, histoire de désigner le bistrot de la troisième mi-temps. Tandis que la soixantaine de joueurs disputent l'édition du jour, Marcel Lescop s'éclipse en douce, le temps d'aller dans son jardin, couper quelques feuilles de laurier-palme qui couronneront les vainqueurs.

Mais n'y a-t-il pas que des gagnants le jour du Mardi-Gras à Guerlesquin ?

 

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