Gouren : La lutte bretonne traditionnelle devenue sport

Gouren : La lutte bretonne traditionnelle devenue sport

Partout dans le monde, les arts martiaux et activités de combat se sont développées avec des règles et des spécificités propres à chaque culture. Le Japon possède (entre autres) le judo, la Chine a le kung-fu tandis que l’escrime est souvent associée à la France car le français en est la langue officielle. Mais il existe un sport de combat dont chaque région du monde possède une variante : la lutte. La Bretagne ne fait pas exception avec le gouren : la lutte bretonne.

Publié le 11/03/2021
Modifié le 27/03/2024
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Deux jeunes lutteurs breton pratiquant le gouren en tenue traditionnelle
Le Télégramme Tourisme

Règles du gouren

C’est quoi le gouren ?

Le gouren signifie littéralement “lutte” en breton. Il s’agit d’une variante des nombreuses formes de lutte qui existent dans le monde. À l’instar du judo et de l’ippon, un combat de gouren se gagne lorsque l’adversaire est projeté sur le dos. Il s’agit ici d’un Lamm : « chute » en breton.

Ce qui fait la spécificité de la lutte bretonne, ce sont les prises de jambes. Les mains s’accrochent à la veste de l’adversaire et, avec leurs jambes, les combattants tentent fauchages et balayages. Mais la prise la plus emblématique est le kilked qui consiste en un enroulé de jambe autour de celle de l’adversaire afin de la verrouiller et faire passer tout son corps vers l’arrière.

Tenue sportive de la lutte bretonne

Dans ce jeu breton, on ne porte pas de kimono. La tenue traditionnelle doit obligatoirement être respectée. Le combattant ou la combattante s’habille d’une veste blanche à la toile épaisse, serrée par une ceinture sur le côté : la « roched ».

Pour le bas, un pantalon noir (le « bragou ») est porté et lassé au-dessous du genou afin de faciliter les prises de jambes typiques du gouren.

Cet uniforme est fourni directement par la société quimpéroise Armor Lux à la Fédération de Gouren.

Déroulement d’un combat de gouren

Les compétitions et les avant-combats de gouren sont très ritualisés. Avant chaque tournoi en Bretagne, un serment est prononcé afin d’exprimer les valeurs de ce sport breton : loyauté, honneur et sincérité.

Avant et après le combat, les deux adversaires font une accolade consistant à toucher trois fois la joue de l’autre. Avant le combat et après une chute, les deux lutteurs se serrent la main afin d’officialiser la reprise de la lutte : c’est le dornad.

En catégorie Senior et au cours du championnat régulier, un combat dure 7 minutes durant lesquelles les combattants doivent faire chuter l’autre. Si un Lamm est effectué, le match se termine sur une victoire « parfaite ». Sinon le vainqueur gagne aux points. Dans le cas où aucun des deux combattants ne s’est distingué, il y a alors une prolongation d’une durée égalant la moitié du temps initial.

 

Origines de la lutte bretonne

Les sports de combats ont toujours été parmi les activités les plus anciennes car la guerre a malheureusement toujours existé. Avant d’être une activité de loisir régie par des valeurs, le combat est avant tout une histoire d’attaque et de défense qui avait pour but de défaire son ennemi dans un contexte dépassant le cadre même de la confrontation.

Le gouren est probablement venu tout droit de Grande-Bretagne, lors de la grande vague d’immigration bretonne du 4ᵉ siècle alors que les populations celtes fuyaient leurs territoires qui étaient peu à peu occupés par les populations germaniques Angles et Saxes. 

Mêlant force et adresse, le gouren était originellement pratiqué par la noblesse et la classe guerrière (souvent la même à l’époque féodale) afin de se préparer et de s'entraîner au combat réel. La guerre étant alors réservée à la noblesse, la lutte était un sport d’élite dans lequel la classe supérieure excellait. 

Au fur et mesure des siècles, le gouren s’est démocratisé et est devenu de plus en plus populaire au sein de la classe paysanne. La Bretagne étant principalement rurale, chaque paroisse avait ses combattants et défiait ses voisines. Sans être autant organisées qu’une fédération de nos jours, ces rencontres rassemblaient les valeurs d’honneur, de force et d’agilité que l’on retrouve dans bon nombre de sports de combat aujourd’hui.

 

Comment le gouren est-il devenu un sport breton à part entière ?

 C’est le docteur de Quimperlé, Charles Cotonnec, qui a décidé de fonder la première organisation structurée pour la lutte bretonne. En 1930, il crée la Fédération des Amis des Luttes des Sports Athlétiques Breton (FALSAB), sur le modèle des fédérations sportives qui se développent un peu partout en France.

À partir de ce moment, le gouren, qui était alors une activité physique traditionnelle variant d’un village à l’autre, devient un sport régional avec des règles unifiées, des tenues réglementaires et des lieux précis. C’est Charles Cotonnec qui instaure  la règle du combat au temps limité. Autrefois, une rencontre ne se terminait que lorsque qu’un Lamm était effectué.

 

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