Le quotidien par Sérusier

Le quotidien par Sérusier

Paul Sérusier est né en 1864 à Paris et disparaît à Morlaix en 1927. Il fait partie de ces peintres qui, autour de Gauguin, ont fait la renommée de Pont-Aven. Comme eux, il aura la volonté d'abolir la hiérarchie entre arts majeurs et arts mineurs. Ses innovations plastiques vont de pair avec une quête spirituelle qui le rapprochera du symbolisme.

Publié le 14/10/2008
Modifié le 24/05/2018
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Originaire de la capitale, il séjourne en Bretagne durant l'été 1889, d'abord à Pont-Aven puis au Pouldu, dans l'auberge de Marie Henry, près de la plage des Grands Sables, en compagnie de Gauguin et de Jacob Meyer De Haan.

C'est Emile Bernard qui, peu de temps auparavant, lui avait fait faire la connaissance de Paul Gauguin. ' Je travaille un peu et j'apprends beaucoup ', écrit-il à son ami Maurice Denis.

Une peinture évolutive

Sur les conseils de Gauguin, Sérusier peint 'Le Talisman' (aujourd'hui au musée d'Orsay) avant d'être, de retour à Paris, l'un des fondateurs du groupe des nabis ('prophètes' enhébreu). Les motifs préférés des nabis sont les scènes d'intérieur, intimistes, et les portraits, individuels ou de groupe. Ils privilégient l'aspect décoratif de la peinture et veulent que l'art soit présent partout, pas seulement sur des « tableaux de chevalet ». Ils sont aussi très réceptifs à l'art japonais.

Après le départ de Gauguin, Sérusier abandonnera Pont-Aven et Le Pouldu pour séjourner dans le centre de la Bretagne, à Huelgoat. Puis il s'installe à Châteauneuf-du-Faou. Sa peinture évolue : il peint des sujets religieux, mythologiques, légendaires et décore sa maison de fresques. 'Trois ou quatre teintes cela suffit'.

C'est de la période pont-aveniste que date 'Les Porcelets' qui met en scène un moment de la vie quotidienne rurale. La toile est construite sur une oblique et divisée en deux zones de couleurs, l'une froide, l'autre chaude. L'économie de moyens est extrême dans cette oeuvre, où deux teintes dominent : le bleu et le jaune. « Trois ou quatre teintes bien choisies, cela suffit et cela est expressif, les autres couleurs ne font qu'affaiblir l'effet », écrit Sérusier à son ami Jan Verkade, peintre hollandais.

Il faut aussi noter l'audace du cadrage, qui coupe le haut du corps de la femme, ainsi que la jambe unique de celle-ci, saisissant raccourci pour signifier le mouvement. Ce tableau illustre totalement la leçon de Pont-Aven qui concentre l'expression et réduit formes et couleurs à l'essentiel.

« La Solitude », autre oeuvre importante s'affirme comme une oeuvre au puissant contenu symbolique.

Cette Bretonne mélancolique, assise dans un paysage sans horizon et à la perspective occultée par un chaos rocheux, est hissée par le peintre au rang d'icône moderne.

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