Population : 150 ans d'évolution en 3D

Population : 150 ans d'évolution en 3D

Exode rural, métropolisation, etc. Depuis 1876, les recensements dessinent une carte des populations communales qui a connu de profonds changements. Visite guidée, en trois dimensions, de l'évolution démographique de la France au cours des 150 dernières années avec évidemment un focus sur la Bretagne.

Publié le 04/03/2019
Modifié le 15/04/2019
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Population : 150 ans d'évolution en 3D

Le classement des villes bretonnes, selon leur population communale recensée de 1876 à 2015.

Depuis 1876, la France a connu de profondes mutations démographiques. Les recensements successifs font apparaître des transformations radicales dans la répartition des habitants sur le territoire.

Des campagnes aux villes

La carte des populations communales dessine de grandes évolutions : on y voit, évidemment, le mouvement d’exode rural, en œuvre dès la fin du XIXe siècle, qui s’accélère au fil du XXe siècle après la Seconde guerre mondiale. Les campagnes se vident, et cela saute aux yeux, notamment sur le grand ouest, et une partie de ce qu’on appelle aujourd’hui la « diagonale du vide » : un territoire allant de la Meuse aux Landes, qui était déjà très rural, mais qui n’a pas toujours été aussi peu densément peuplé (la Creuse a perdu en 150 ans 57 % de sa population, la Lozère 45 %, la Nièvre 39 %…).

Parallèlement, la population des communes urbaines augmente. En un siècle et demi, les principales villes voient leur nombre d’habitants s’accroître : de 170,22 % pour Marseille ; 258,50 % pour Toulouse, 541,46 % pour Nice ; 402,44 % pour Montpellier…

Des villes aux banlieues

Si Paris voit la population de certains de ses arrondissements diminuer au fil du XXe siècle, en quelques décennies, on assiste à une éclosion littérale de villes dans sa périphérie, dans des zones autrefois très rurales. Le territoire du Blanc-Mesnil, 156 habitants en 1876, en compte quasiment 56 000 au dernier recensement. Aulnay-sous-Bois est passé de 765 âmes à 82 819… Entamé en région parisienne, ce phénomène de « métropolisation »
va toucher plus généralement les périphéries des principaux pôles urbains de région, surtout à partir des années 60, et de façon intense entre 1975 et 1990.

L’Île-de-France voit sa population augmenter de 264 % en près d’un siècle et demi. Juste derrière dans le classement, Provence-Alpes-Côtes d’Azur affiche une augmentation de 219 % du nombre de ses habitants : la population s’est considérablement densifiée le long du littoral et des grands axes de communication, laissant totalement de côté la partie montagneuse de la région.

Une Bretagne plus peuplée, mais plus urbaine

Les grandes tendances nationales sont aussi à l’œuvre en Bretagne, et depuis plus d’un siècle, la région a été profondément bouleversée dans la répartition de sa population. Entre 1876 et 2015, la région a gagné quasiment un million d’habitants, malgré une population en baisse dans l’entre-deux-guerre, et un solde migratoire qui n’est devenu positif qu’en 1968. Pour autant, cette augmentation démographique n’a pas profité de la même façon à tous les territoires…

Le centre de la Bretagne s’est vidé. L’exode rural a durement frappé la Bretagne. Jusqu’en 1911, l’agriculture mais aussi les industries minières et ardoisières emploient de nombreuses personnes dans les communes rurales du centre de la Bretagne et du Trégor. Après la Première guerre mondiale, avec la mécanisation et la fermeture des carrières et mines, la tendance s’inverse, note Mickaël Ramonet, dans une publication de l’Insee. Elle s’accentue dans la deuxième moitié du XXe siècle. Par exemple : Scrignac (29), a perdu plus de 80 % de sa population, qui culminait à 3 832 habitants en 1911 ; Loguivy-Plougras (22), 3 020 habitants en 1901, n’en comptait plus de 919 en 2015.

Le littoral sud de la région s’est densifié. Dès la fin du XIXe siècle, les côtes, et notamment celles du Sud-Finistère et du Morbihan, gagnent des habitants, notamment du fait de la multiplication des conserveries (Concarneau, Douarnenez, etc.). Moins isolé, mieux équipé, le littoral sud continue d’attirer fortement depuis une quarantaine d’années. Larmor-Plage a gagné 6 920 habitants depuis 1876, Vannes a triplé sa population, comme Auray…

Rennes a dépassé Brest. Au cours du siècle écoulé s’est opéré un basculement de l’ouest vers l’est du département. C’est à partir du recensement de 1954 que Rennes dépasse Brest en nombre d’habitants. Rennes fait preuve dès le XIXe siècle une croissance importante. L’implantation de Citroën et le développement de ses universités lui ont permis de connaître un essor important.

Les dix villes bretonnes les plus peuplées, de 1876 à 2015

Des métropoles en expansion. Lanester augmente sa population de plus de 400 % ; petites communes de quelques centaines d’habitants en 1876, Thorigné-Fouillard, Saint-Jacques-de-la-Lande et Chantepie, en périphérie de Rennes, augmentent leur population de plus de 1 000 % ; Plouzané, à l’ouest de Brest, gagne plus de 10 000 habitants. Depuis une quarantaine d’années, les grandes villes gagnent moins, voire perdent des habitants (comme par exemple Brest). Mais elles débordent sur les territoires voisins. L’Insee relève cette tendance : «Ce sont les populations des communes périphériques des grandes villes qui ont le plus progressé, autour de Rennes, Brest, Lorient…

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