Vauban

Vauban

De la même manière que l'adresse de Bonaparte à ses troupes « Soldats, du haut de ces pyramides, 40 siècles vous contemplent », la phrase « Ville défendue par Vauban ville imprenable, ville attaquée par Vauban ville prise » est restée dans les mémoires de générations d'écoliers. [...]

Publié le 12/05/2009
Modifié le 05/10/2020
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Grand personnage que Sébastien Le Prestre de Vauban. Cet ingénieur et architecte de Louis XIV, expert en poliorcétique (ou l'art d'assiéger les villes), donna au royaume de France une véritable « ceinture de fer » ; on lui doit aussi un projet préconisant l'impôt sur le revenu.

Né dans le Morvan en 1633, Vauban fut remarqué par Mazarin, à l'âge de 20 ans, qui le persuada de quitter la Fronde pour se mettre au service du roi. A 22 ans, il devient « ingénieur militaire responsable des fortifications ». De 1653 à 1659, il participe à 14 sièges et est blessé plusieurs fois. Il perfectionne la défense des villes et dirige lui-même de nombreux sièges. En 1667, Vauban assaille les villes de Tournai, Lille et Douai, prises en seulement neuf jours. Le roi lui confie l'édification de la citadelle de Lille qu'il appellera « La reine des citadelles ». C'est à partir de Lille qu'il supervise l'édification de nombreuses citadelles et canaux du Nord, lesquels ont structuré la frontière qui sépare toujours la France de la Belgique. Il dirige aussi le siège de Maastricht où fut tué D'Artagnan en 1673, puis lors de la guerre de la ligue d'Augsbourg, les sièges de Philippsburg, de Mons et de Namur. En 1694, il organise, avec méthode, la défense contre un débarquement anglais sur les côtes de Bretagne.

180 forteresses

Ces succès poussèrent Louis XIV à lui offrir une forte dotation qui lui permit d'acheter le château de Bazoches, en Bourgogne. Vauban fut successivement nommé « commissaire des fortifications », lieutenant général, puis maréchal de France en 1703. Sa liberté d'esprit lui vaudra cependant les foudres du Roi Soleil avant de mourir à Paris, le 30 mars 1707, d'une inflammation des poumons. Il est enterré à l'église de Bazoches et son coeur est conservé aux Invalides, depuis 1808. Au total, il aura réalisé ou élargi plus de 180 forteresses. Il refusa de créer le fort Boyard, selon lui techniquement inconstructible, que Napoléon 1er fera édifier lors de son règne à partir de ses plans.

Un projet d'impôt unique

Mais, l'homme s'était également intéressé à la réforme des impôts (question lancinante tout au long du XVIIIe siècle jusqu'à la Révolution), en publiant un ouvrage, « Projet d'une dîme royale », dans lequel il mettait en garde contre de forts impôts qui détournent des activités productives. Il proposait de remplacer les impôts existants par un impôt unique de 10 % sur tous les revenus, sans exemption pour les ordres privilégiés, y compris pour le roi. Cette initiative qui fit l'objet d'une saisie ne fut pas pour rien dans sa disgrâce. Selon ses contemporains, Vauban avait la réputation d'être un homme généreux. Il est connu pour avoir partagé ses primes et soldes avec les officiers moins fortunés et prenait parfois sur lui les punitions de ses soldats lorsqu'il les trouvait injustes. Il fut notamment le premier à faire distribuer à ses troupes des pipes et du tabac.

Le saviez-vous ? Vauban était aussi un urbaniste fort en avance sur son temps. A telle enseigne qu'on lui doit un plan de Brest, assorti, d'ailleurs, de dénominations de rues et dont s'inspira fort Mathon, à l'époque de la reconstruction, après la destruction de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais la facette la plus connue du talent de Vauban demeure son expertise dans l'art militaire dont les traces demeurent à Brest et dans la région. Une partie du Château de Brest lui est due. A son actif aussi le fort de Bertheaume, à Plougonvelin. Sans oublier, le corps de garde du village de Ménéham, à Kerlouan. Et, un peu plus loin, le Château du Taureau en baie de Morlaix, et la Tour Dorée de Camaret. Autant de lieux où, l'été prochain, seront présentées des expositions consacrées à celui qui, au cours du XVIII e siècle, s'attacha à maintenir les côtes bretonnes en état de défense afin de protéger les populations contre les incursions anglaises ou hollandaises.

Humaniste aussi

En cette année Vauban, qui fait de l'intéressé une superstar, ce sont les Amis de Recouvrance qui ont ouvert le feu des différentes manifestations commémoratives dont l'adjoint à la culture, Gaëtan Le Guern, a donné, hier, le programme. Jusqu'au 31 mars, la maison de la Fontaine accueille ainsi des réalisations de plasticiens qui honorent l'oeuvre de celui qui fut également un humaniste, puisqu'il exhorta Louis XIV à revenir sur la révocation de l'Edit de Nantes, au nom de la liberté de conscience. Position qui lui valut bien des ennuis avec le pouvoir et qu'il consigna dans un texte de 1689, intitulé « Mémoire sur le rappel des huguenots ». [...]

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