Stéphane Lavoué, une lumière qui crée de la dramaturgie

Stéphane Lavoué, une lumière qui crée de la dramaturgie

Portraitiste de presse pendant quinze ans, Stéphane Lavoué jette un regard décalé sur le quartier maritime du pays bigouden. Entre réel et fantastique, entre clair et obscur et atmosphères dignes du cinéaste américain David Lynch, À terre diffuse une étrange et fascinante poésie. En voici un florilège... 

Publié le 07/05/2019
Modifié le 02/08/2019
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Stéphane Lavoué, une lumière qui crée de la dramaturgie

Comment est né ce travail photographique sur la pêche bigoudène ? 

Cela s’est fait dans le cadre d’une commande baptisée La France vue d’ici. En 2015, dans la perspective des élections présidentielles, 30 photographes étaient invités à porter leur regard sur le pays. Au départ, je voulais écrire la chronique économique d’un grand port de pêche artisanale en France, en l’occurrence Le Guilvinec. Puis je me suis focalisé sur les gens à terre et j’ai élargi mon propos au quartier maritime du pays bigouden et aux criées de Saint-Guénolé, du Guilvinec et de Loctudy.

Pourquoi ce choix géographique ?

J’ai un lien avec Pleyben par mon grand-père, mais la famille de mon épouse est originaire de Penmarc’h. Après avoir longtemps vécu à Paris, nous nous sommes installés en Bretagne en 2015, et à Kérity depuis quelques mois. Ici, on se reconnecte, j’ai l’impression que mes gènes se remettent dans le bon sens. J’ai été photographe de presse pendant quinze ans et suis attaché aux histoires et aux témoignages. Mais ici, l’intention documentaire s’est transformée en un désir très fort de traduire en images les émotions que me procure ce territoire.  Des associations d’images, totalement neuves pour moi, ont généré des récits photographiques, et produit un univers personnel où j’aspire à recréer le pays bigouden tel que je le perçois. 

Comment le percevez-vous ?

Ma vision a été nourrie par les récits de Marie Le Gall, la grand-mère de ma compagne, de la période faste de la pêche, depuis l’après-guerre jusqu’aux années 1980. Les coups de sirène, pour aller, de jour comme de nuit, sous criée, mettre le poisson en glace. La mort en mer, qui touche toutes les familles. La mort au bistrot. L’héroïsme et la morbidité.

Est-ce de là que vient l’impression de fantastique des images ?

Peut-être, je ne renie pas cette notion de mythologie, de légendaire bigouden. Lorsque je suis à la pointe de La Torche et que je vois la chapelle de Tronoën dans les dunes, j’ai l’impression de me retrouver au Moyen Âge. Ces paysages ne contiennent pas de marqueurs de modernité et présentent une intemporalité qui me touche.

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