À télécharger gratuitement : Balade le long de la Laïta

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Pendant le confinement, Bretagne Magazine vous propose de (re)découvrir des articles publiés ces dernières années. Aujourd'hui nous vous proposons une balade dans la douce atmosphère du Finistère sud, le long des rives boisées de la Laïta, au sud de Quimperlé.

Publié le 07/05/2020
Modifié le 08/04/2024
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Deux personnes sur un banc au pied d'un arbre au bord de la Laïta
Le Télégramme Tourisme
La balade au bord de la Laïta, aperçu de l'article de Bretagne Magazine
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Le sentier côtier n’en finit pas d’épouser les indentations côtières. Qu’ils l’arpentent dans un sens ou dans l’autre, les randonneurs comprennent qu’il ne tient guère d’un ruban plat mais davantage d’un croquet. À partir de la pointe du Raz, à chaque fois qu’il faut franchir une ria, le GR 34 prend la tangente d’avec le littoral et pousse le marcheur à des incursions terriennes. Comme pour se défatiguer de l’océan, de ses tonalités qui oscillent du bleu au gris parfois, du vif air marin, les marques rouge et blanc nous proposent des pas de côté verdoyants dans la touffeur abritée des estuaires. C’est là tout le charme des rias de la côte sud de la Bretagne.

Au Pouldu, en limite du Finistère, il serait dommage de gagner la côte morbihannaise en sautant dans le bateau du passeur. Plutôt que de franchir l’embouchure de la Laïta à la va-vite, optez pour les replis d’un fleuve qui préserve jalousement son intimité.

Balade sur le bord de la laïta
Pour franchir les rias, le sentier côtier se permet quelques incursions terriennes. Le long des rives boisées de la Laïta, au sud de Quimperlé, il musarde dans une douce atmosphère. © Jean-Yves Guillaume

 

Né à Quimperlé de la confluence de l’Ellé et de l’Isole, il sinue, musarde, au gré d’une nonchalante fantaisie, sur dix-sept kilomètres. Il marquait autrefois la frontière entre la Cornouaille et le Vannetais, deux terroirs aux coiffes, costumes, mentalités et dialectes bretons différents. Sous ses allures paisibles, il peut se montrer destructeur : les Quimperlois n’oublient pas les funestes inondations qui marquèrent les hivers de 2000 et 2014.

  • Silhouettes bohèmes

L’embouchure est éclaboussée de lumière, grâce au ciel parfois, à la blondeur du sable de ses plages, toujours. Au Pouldu flotte le souvenir de Paul Gauguin et de ses amis, Jacob Meyer de Hann, Paul Sérusier, Charles Filiger, repliés en 1889-1890 dans ce paisible village, l’atmosphère se faisant irrespirable à Pont-Aven. On a croisé leurs silhouettes bohèmes sur les plages de Kerrou, de Bellangenet et des Grands Sables, leurs lieux d’inspiration privilégiés, et surtout à la Buvette de la plage, l’auberge fidèlement reconstituée où ils séjournèrent.

Depuis le port du Pouldu, nous mettons cap au nord, en empruntant la rive droite de la Laïta. Le chemin ombragé épouse au plus près la rive, contourne l’anse de Stervilin, ignore les hameaux de Kernou et de Porsmoric, franchit la digue de Ster Franquec, approche le pont routier de Saint-Maurice. En léger surplomb du fleuve, le sentier offre un balcon idéal. Loin de l’animation balnéaire et nautique de l’embouchure, à mesure que nous remontons vers l’amont, la rivière se fait de plus en plus silencieuse. Seuls quelques pêcheurs, un bateau de promenade, une flottille colorée de kayaks ou une colonie de goélands criaillants animent les lieux.

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  • Les vestiges de Saint-Maurice

Sous le couvert des arbres qui ourlent les berges, nous repérons l’éclair bleuté du martin-pêcheur. Blanche, son bout des pattes jaunes, une aigrette garzette concentre ses efforts de pêche dans le chenal. L’air est plus doux, l’influence de l’océan moins sensible ; notre esprit se met au diapason de cette ambiance feutrée. Voici qu’apparaissent les vestiges de l’abbaye Saint-Maurice, installée dans le creux d’un méandre où l’âme se sent en repos. La Laïta y a dessiné une île aux contours mouvants, bordée sur la rive opposée par de vastes roselières. En lisière de la forêt de Carnoët, un portail monumental, un étang placide et de beaux arbres (magnolias, séquoias et ifs plusieurs fois centenaires) balisent l’établissement cistercien, fondé en 1177, désormais géré par le Conservatoire du littoral. Ont survécu aux ravages du temps et aux passions des hommes les ruines de l’église abbatiale, une orangerie, une grange, et, surtout, joyau du domaine, une élégante salle capitulaire aux fines arcatures gothiques. Dans les greniers de l’ancienne ferme, une colonie de grands rhinolophes se laisse observer grâce à des caméras infrarouges. Harmonie et sérénité habitent les lieux, pourtant désertés par les moines depuis plus de deux cents ans.

Après cette halte patrimoniale, naturaliste, spirituelle pour certains, apaisante pour tous, il convient de revenir sur ses pas jusqu’au pont qui permet de gagner la rive gauche et le département du Morbihan. La marée a modifié le décor. À hauteur de la digue de Beg-Nenez, près du moulin à marée, des limicoles, ces petits échassiers en mouvement perpétuel, fourragent la vase, tandis que des canards et des foulques investissent la retenue d’eau. La descente vers l’embouchure offre ses frondaisons aux ombrages bienvenus les jours de canicule estivale. Nous atteignons l’anse sablonneuse du Bas-Pouldu, l’un des quartiers balnéaires de Guidel, amorce d’une côte morbihannaise pleine de promesses.

Cet article est extrait du dossier consacré aux sentiers côtiers, publié dans le Bretagne Magazine n°96 (juillet-août 2017).

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