Belle-Ile-en-Mer, la séductrice

Belle-Ile-en-Mer, la séductrice

Belle-Ile-en-Mer, verte et bleue : l'image s'impose dès le bastingage du Vindilis sitôt que Quiberon s'estompe dans le sillage. La bien-nommée apparaît comme un dos de baleine bleue, où le vif des prés grifferait le vert des pins.

Publié le 30/01/2009
Modifié le 23/10/2020
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Belle-Ile-en-Mer
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Le Palais : un port un village aux allures de grande ville, avec ses encombrements, ses sens interdits et ses maisons à étages. Au pied d'un petit immeuble qui se cherche un cousinage méridional sous l'ocre de son crépi et le marron soutenu de ses persiennes à lamelles, le loueur de vélos peine à satisfaire la demande. Difficile de se sentir seul sur les quais de Palais, au cœur des escouades d'estivants bigarrés, aux fragrances d'huile solaire.

Maraîchage, moutons et chèvres

Mais quelques coups de jarret plus tard, la campagne s'ouvre. Les plages sont à quelques minutes, le bois Trochu aussi. De part et d'autre du chemin cycliste qui double les voies principales, les paysans bellilois vaquent à leurs occupations agricoles. Les serres du maraîcher voisinent avec le pacage des moutons. Ici, un troupeau de chèvres, là-bas, le 'pataclop' d'un solide cheval de trait breton qui conjugue vigueur et douceur pour enlever vers l'horizon une calèche de vacanciers.

Le plateau, piqueté de petites maisons blanches, s'étire vers la pointe des Poulains. De temps à autre, il faut réappuyer sur les pédales pour s'extraire de l'un des nombreux vallons qui ramènent vers l'océan le surplus des précipitations.

Prunelliers inextricables, sureaux encapuchonnés d'ombrelles fleuries et odorantes, touffes de bruyères, genêts en taches éclatantes occupent les coteaux et le fond de ces vallons où, parfois, se profile la silhouette de hautes ruches bourdonnantes.

Une île convoitée

Telle se présente Belle-Ile dans les premiers kilomètres et puis, soudain, sans que l'on ait eu le temps de s'y préparer, le spectacle de la mer éclate. Des rochers déchiquetés ourlés de houle blanche, de longues plages de sable blond qu'en vain des rouleaux frangés de lumière tentent de digérer, des sentiers côtiers bordés d'armérias, des pins solidaires ou grégaires selon les caprices du vent, dressent le tableau éternel de la perle des îles bretonnes.

Belle-Ile est une séductrice qui ne ménage pas ses effets pour entraîner le visiteur dans ses rêts. Depuis des siècles, l'île est convoitée.

Un relais maritime dès l'Antiquité

Dès l'Antiquité, elle est un relais sur les routes maritimes qui mènent de la péninsule ibérique aux ports de l'Iroise et, au-delà, à ceux des îles britanniques. Des armées se battent pour s'en assurer la maîtrise, car elle occupe une place stratégique non loin de l'estuaire de la Loire.

Des moines de Redon ou de Quimperlé installent leur monastère à l'endroit-même où s'élève aujourd'hui la citadelle. Le lieu est aisément fortifiable, entouré d'eau de deux côtés. Lorsque la puissance des princes de Gondy s'établit, toute l'île leur est soumise. Puis, ce sera le surintendant Foucquet, dont la gloire et les rêves de place forte inexpugnable finissent par faire de l'ombre au roi de France. Louis XIV reprend les choses en main et confie à Vauban le soin de construire autour de l'île des forts et des bastions.

A cette époque, l'intérêt de l'île n'est pas seulement militaire. Belle-Ile joue également un rôle important pour l'avitaillement des navires.

L'île est verte grâce à ses nombreuses sources. Alors qu'à Lorient les navires de guerre ont du mal à s'approvisionner pour leurs voyages au long cours, à Belle-Ile ils trouvent toute l'eau qu'ils souhaitent, surtout depuis qu'une citerne a été aménagée sur la côte nord, à l'est de Palais. L'endroit existe toujours et est connu sous le nom 'd'aiguade de Vauban'. C'est un lieu insolite, au sommet d'une falaise, que l'on peut visiter et d'où l'on peut encore imaginer l'amarrage des vaisseaux de la Compagnie des Indes, dans la baie en contrebas.

Nos amis Acadiens...

Au milieu du XVIIIe siècle intervient un épisode qui va modifier durablement la vie de l'île. Chassés par les Anglais, plusieurs centaines d'Acadiens du Canada, victimes du 'Grand Dérangement', arrivent dans l'île et y font souche. A partir de 1766, ils construisent des maisons toutes semblables qui marquent le bâti insulaire. Aujourd'hui, on estime que près de la moitié des 4.700 habitants permanents de l'île ont du sang acadien dans les veines.

Les Acadiens sont en partie restés dans l'île. Ce ne fut que très rarement le cas des visiteurs accueillis les années suivantes. Belle-Ile devient, en effet, un pénitencier où les 'pensionnaires' sont le plus souvent des détenus politiques. Parmi les plus célèbres figurent Toussaint Louverture : le héros de l'indépendance d'Haïti y séjourne au tout début du XIXe siècle. De même que les révolutionnaires de 1848, Auguste Blanqui et Albert Barbès. Pendant la guerre 1914-1918, c'est le tour du maréchal allemand Von Bullöw.

D'une manière générale, le pénitencier de Belle-Ile est considéré comme ayant des conditions de détention plutôt douces pour l'époque. Il constitue une alternative à la déportation à Cayenne pour les détenus, surtout militaires, qui ont commis des faits jugés moins graves. Il n'en reste pas moins que l'aspiration normale d'un détenu est de s'évader.

La chronique locale raconte que c'est ce qu'essayèrent de faire deux condamnés, sous le Premier Empire. Ils avaient acheté la complicité d'un pêcheur qui les attendait à bord de son bateau, au pied d'une falaise. Il fallait descendre l'à-pic à l'aide de cordes. Ce que le premier évadé tenta de faire mais la corde se rompit et l'homme vint s'écraser sur les rochers. Voyant cela, le second candidat à la 'belle' préféra se rendre et regagner sa cellule...

La sécurité qu'offre une prison en mer se retrouve sans doute dans le choix de Belle-Ile pour l'assignation à résidence, à la fin des années 1950, d'un leader indépendantiste algérien, Messali Hadj, dont les insulaires conservent encore le souvenir. Heureusement, l'hospitalité belliloise dispose d'autres manières de s'exercer. Elle déclenche d'ailleurs sur des voyageurs du XIXe siècle

Une véritable fascination

Monet, qui aime planter son chevalet sur les lieux les plus exposés de la côte, entraîne dans son sillage toute une pléïade de peintres. Mais tous sont éclipsés par la grande tragédienne Sarah Bernhardt, victime d'un véritable coup de foudre pour Belle-Ile. On sait que sa première visite dans l'île remonte à 1893. Elle apprécie tellement son séjour que, l'année suivante, elle achète le fort des Poulains mis en vente par l'Administration. Elle acquiert ou fait construire successivement cinq résidences dans l'île pour elle-même, pour ses petits-enfants, pour son peintre préféré et pour son jardinier.

Le manoir principal, à Penhoët, a été détruit par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Une des maisons sert de siège au golf de Sauzon tandis que le fort des Poulains vient d'être remis en vente par André et Anna Larquetoux, les mécènes de la citadelle.

Sarah Bernhardt a beaucoup fait pour la renommée de Belle-Ile. En cette fin de siècle, l'île enregistre aussi la publicité gratuite que lui a offert François Mitterrand qui, quelques saisons avant sa disparition, y a effectué plusieurs séjours. Il n'est pas le seul. Des vedettes du 'show-business' la fréquentent régulièrement, sachant qu'ils peuvent compter sur la discrétion des insulaires, muets comme des carpes lorsqu'on les interroge sur leurs visiteurs.

Les touristes d'aujourd'hui sont aussi les centaines de milliers d'anonymes qui débarquent chaque année des navires de La Morbihannaise de Navigation : 600.000 passages, dit-on, y compris les allées et venues des insulaires.

Le paradis des promeneurs

Belle-Ile-en-Mer, comme son nom l'indique, est propice aux bains et aux balades littorales. C'est même le mitan de son fonds de commerce. Chaque jour, par milliers, à pied, à cheval, à vélo, en scooter, en voiture de location, en autocar, les visiteurs traversent l'île, vont prendre l'air sur la côte sud-ouest, frissonnent du côté de l'Apothicairerie, rêvent devant le fort de Sarah Bernhardt, se dorent sur la plage de Donnant, pique-niquent en lorgnant les fastes du Castel-Clara. Une autre clientèle séjourne, en résidence secondaire ou à l'hôtel, en camping ou en gîte.

Un monde à part

Les motivations de ces visiteurs sont très variées. Beaucoup viennent pour le plaisir exotique de se trouver sur une île : dans leur tête, ils sont déjà dans un monde à part. Ils peuvent se contenter de se poser sur une plage pour bronzer, mais à quoi bon limiter son déplacement à ce seul but puisque les belles plages ne manquent pas, non plus, sur le littoral continental ?

On a vu que la visite des lieux chargés d'Histoire, civile et militaire, peut être le fil conducteur d'une journée insulaire. D'autres préfèreront rencontrer les paysans de 'La Route des Saveurs'. Les artistes, experts dans les techniques les plus diverses, ne manquent pas non plus dans l'île et leur porte est toujours ouverte. Après ces visites, pourquoi ne pas se laisser envahir par le sentiment de plénitude qu'offre la variété des paysages insulaires ?

La Maison de la Nature de Belle-Ile-en-Mer a recensé toutes les ressources que les îliens ne demandent qu'à partager avec tous ceux qui sauront les admirer, tout en les préservant. Une bonne manière de s'en convaincre est de passer au moins une nuit dans l'île. Le matin, alors que tout dort encore, il faut se plonger dans la belle nature sauvage de l'île.

Dans le calme et la beauté d'une plage ou d'une crique, le matin, on respire, solitaire, la senteur iodée des algues, on observe un oiseau qui trottine sur le sable. 'Et si c'était l'antichambre du bonheur' ?

A lire aussi : Palais et Sauzon, les deux perles de Belle-île et Belle-Ile-en-mer. refuge de Sarah Bernardht

 

Office du tourisme de Belle-Île-en-Mer

Quai Bonnelle, CS 61 102,  56360 LE PALAIS
Contact : 02 97 31 81 93 ou info@belle-ile.com 
Site : belle-ile.com

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