Randonnée de Houat à Hoëdic

Randonnée de Houat à Hoëdic

Inséparables, bénéficiant d’une incroyable biodiversité et d’une qualité de vie que le continent leur envie, les îles de Houat et de Hœdic font la joie des marcheurs en quête de silence et de calme, des ornithologues et de ceux pour qui la tranquillité est sacrée.

Publié le 01/06/2021
Modifié le 18/06/2021
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Plage sur l'île d'Houat
Sur la côte nord de Houat, vers la plage de Tal er Han, un sentier dépouillé, idéal pour l’amateur de calme © BERTHIER Emmanuel

Jour 1 - Le circuit de la randonnée 

Départ au Port-Maria à Quiberon

Après une traversée de 45 minutes au départ de Port-Maria en Quiberon, vous débarquez sur la côte nord de l’île de Houat, au port de Saint-Gildas, actif toute l’année grâce à la présence d’une petite communauté de marins-pêcheurs. À droite du débarcadère, empruntez le chemin côtier, qui file vers l’ouest. La belle nature de l’île s’offre à vous. Il convient de respecter les cheminements d’un fragile territoire de 291 hectares.

Observer la faune et la flore de l'île d'Houat

Houat possède, tout comme Hœdic, une incroyable biodiversité. Suffisamment éloignées du continent, les deux îles abritent des espèces endémiques et restent épargnées de certaines envahisseuses continentales. Vous vous garderez de toute cueillette, sauf photographique. Vous découvrirez le délicat lys de mer au parfum suave, plusieurs espèces d’orchis, la pimprenelle ou encore le chardon bleu et la criste marine.

Abritant également une riche avifaune, Houat voit revenir chaque printemps plusieurs espèces nicheuses, dont le puffin des Anglais, l’océanide tempête et une nombreuse colonie de cormorans huppés. Situées dans un important couloir de migration, Houat et Hœdic reçoivent à l’automne bon nombre de “visiteurs occasionnels” totalement inhabituels… et quelques ornithologues passionnés, attirés par l’opportunité de cocher ces espèces rares.

En route pour Béniguet

Le sentier épouse les indentations du rivage, dont les toponymes témoignent de l’appartenance de Houat à l’aire d’influence de la langue bretonne dans sa variante vannetaise: Beg Carpaliée, Beg er Gorlé, Port Navallo, Er Hastellic, Beg Run er Vilaine et Porh Halai. Juste avant la pointe de Beg er Vachif, vous voici face au fort du Béniguet, élément d’un système défensif destiné à protéger l’île des invasions.

À la pointe d’Er Vachif, par temps clair, le regard porte sur la presqu’île de Quiberon et le chapelet d’îlots qui la précède. Dans cette chaussée de Béniguet, le temps a fait son œuvre depuis des lustres, et les anciennes éminences sont devenues des îles: Grand Coin, île Valuec, île Glazic, îlots de Toul Bras et d’En Toul Bihan.

Le sentier met cap au sud et la randonnée continue d’épouser les dentelles rocheuses de la côte, offrant un point de vue sur les îles Guric et Séniz. Sur cette portion sud du littoral, de nombreuses petites criques accueillent, entre les pointes, de délicates plages de poche. Gagnez l’Éclosarium, puis allez jusqu’à la pointe de Beg Salus.

Des airs de petit paradis

Plein sud, au large, à deux kilomètres du rivage, on aperçoit l’île aux Chevaux. Propriété du Conservatoire du littoral, l’îlot servait autrefois de pâture aux animaux des habitants de Houat et Hœdic.

Poursuivez, au-delà de la plage de Tréac’h Salus, vers la pointe méridionale de l’île. Les îlots de Beg Tost, Beg Creïz et Beg Pell prolongent la côte en trois points de suspension singuliers, où tournepierres à collier, huîtriers pie et cormorans ont élu domicile. Au sud-est se détache Hœdic.

Cap au nord. Gagnez la pointe d’Er Beg où se trouvait autrefois le port de Houat, totalement dévasté par une tempête en 1951. Ce cataclysme eut pour effet bénéfique la construction, en 1956, d’un nouveau port, accessible à marée basse sur la côte nord. Après avoir admiré la fontaine Saint-Gildas, vous abordez la plage de Tréac’h er Goured. Le chemin sinue sur la dune en surplomb, mais si la marée le permet n’hésitez pas à gagner le sable. Abritée des vents d’ouest, la longue plage de deux kilomètres, frangée par des eaux limpides, arbore des airs d’irrésistible petit paradis.

À l’extrémité de la plage apparaît la silhouette du fort d’En Tal, sur la pointe du même nom. Depuis quelques années, cette ancienne batterie, construite en 1857, a retrouvé une nouvelle fraîcheur. Restauré et aménagé par des privés, il est converti en chambres d’hôtes. On peut y passer la nuit, à condition d’avoir réservé. Vers le nord, on distingue le littoral rocheux de la presqu’île de Rhuys et, par bonne visibilité, l’entrée du golfe du Morbihan. Ciels immenses, larges panoramas, vastitudes marines: un sentiment de liberté sans entraves vous envahit.

Une riche histoire maritime

Le chemin dessine une épingle à cheveux et vous ramène au débarcadère. Si vous passez la nuit sur l’île, mettez à profit la fin de journée pour découvrir le bourg ramassé de Houat. Poussez jusqu’à l’ancien fort, perdez-vous dans les ruelles, aux jolies maisons et aux jardinets fleuris. Si elle est ouverte, pénétrez dans l’église Saint-Gildas pour admirer l’ex-voto (une superbe goélette), porté en procession lors des pardons paroissiaux.

Si le patrimoine naturel des deux îles est exceptionnel, leur singulière histoire mériterait d’être longuement contée. Le rôle de Jean Marion (1759-1824), prêtre desservant, est peu banal. Il met sur pied et gère une “cantine-boutique”, prête sans intérêt de l’argent aux pêcheurs pour l’entretien de leur bateau et affecte les revenus de son commerce (il détient le monopole de la vente des produits achetés sur le continent) à l’entretien de l’église et de l’école. Il organise la vie de ses paroissiens et joue le rôle de notaire et de juge de paix. Cette théocratie a perduré plusieurs décennies. Ces pages d’histoire sont racontées par l’association Melvan, dont le travail est remarquable. 

Jour 2 - Le circuit de la randonnée 

Cap vers Hœdic

Le lendemain matin, cap sur Hœdic. Au débarcadère de Port Argol, prenez la direction de l’ouest et gagnez, par le chemin côtier non balisé, la pointe du Vieux-Château, belvédère idéal sur le Passage des Sœurs et l’île de Houat, que vous aurez parcourue la veille.

Le sentier bifurque, file vers le sud et atteint la pointe de Caspéraquiz. Veillez à respecter les cheminements. Sur la dune, entre Caspéraquiz et Vaz Plat, vous pourrez observer de longues tranchées rectangulaires maçonnées et dallées de pierres plates. Utilisés autrefois pour brûler le goémon récolté puis séché, ces fours permettaient de produire des pains de soude, dont on extrayait de l’iode.

Dirigez-vous vers le port de la Croix (ou Vieux Port). Sur la gauche, botanistes et ornithologues amateurs noteront la présence d’un marais aux belles roselières, prometteuses de riches observations. Jusqu’à Beg er Lannegui, la côte offre ses délicieuses criques de sable fin protégées de petites avancées rocheuses.

Un havre de paix

Entre les pointes de Beg er Lannegui et Beg er Sennerion, vous apercevrez les ruines de l’ancien phare, édifié en 1836 et délaissé en 1879, au profit du phare des Grands-Cardinaux, érigé en mer au large de la côte est de l’île. Le sentier de rando gagne la pointe de Beg Lagad. Ici se dressent les ruines d’un fort, construit par Vauban sous Louis XIV, qui témoignent de l’incessante menace d’invasion à laquelle les îliens devaient faire face. Vers l’est se profile la côte occidentale de la Loire-Atlantique avec l’éperon de la pointe du Castelli à Piriac-sur-Mer. Par le sentier côtier, regagnez le port.

Le bourg de l'île

Découvrez le bourg de Hœdic, aux petites maisons basses. Au centre du village, un puits-fontaine fut longtemps le cœur battant de l’agglomération. L’église Notre-Dame-la-Blanche, édifiée en 1853, est curieusement surmontée d’un bar (et non d’un coq) en guise de girouette. Poussez la porte et admirez les touchants ex-voto sous sa voûte lambrissée peinte. Ces maquettes de navires, offertes en actions de grâces, sont de précieux témoignages sur la flottille îlienne d’autrefois.

Après deux jours passés au grand air, loin du bruit continental (il n’y a pas de circulation automobile sur les deux îles), il y a fort à parier que vous vous ferez violence pour prendre le bateau qui vous reconduira à Quiberon.

Informations pratiques

Embarquer

En saison, les liaisons vers Houat et Hœdic sont multiples à partir de la côte sud de la Bretagne. On peut en effet gagner les îles à partir de Port-Maria à Quiberon, Vannes, Port-Navalo, La Trinité-sur-Mer, Locmariaquer, Le Palais à Belle-Ile-en-Mer, Le Croisic et
La Turballe. Il est prudent de réserver son billet.

Respecter

Houat et Hœdic, c’est un autre monde. Ces espaces sauvages et naturels qui vous attirent sont d’une extrême fragilité. Veillez à respecter les sentiers, ne cueillez aucun végétal, n’emportez aucun galet. Prévoyez de rapporter soigneusement sur le continent tous vos déchets. Une journée sur une île est l’occasion d’adopter, seul ou en famille, un comportement vertueux pour la planète.

Se déplacer

Ici aucun bruit de moteur automobile ne trouble le silence. Les déplacements s’y font à pied ou à vélo sur Houat, où l’on peut louer des deux-roues. Les randonneurs adeptes des bâtons de marche doivent savoir que ces derniers sont interdits car leurs pointes métalliques dégradent les sentiers littoraux. Il faudra y renoncer ou les équiper d’embouts protecteurs.

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