Entre Rennes et Saint-Samson-sur-Rance, les quatre-vingt cinq kilomètres du canal d’Ille-et-Rance, ouvert en 1832, sont une invitation à quitter les sentiers battus. Comme une large avenue citadine qui déboucherait sur la mer, la coulée fluviatile et son chemin de halage planté d’arbres séculaires incitent à lâcher prise. Larguer les amarres au sens premier du terme et opter pour la navigation, enfourcher sa bicyclette ou chausser ses godillots de marche : tous les moyens sont bons pour répondre à l’appel du large et faire cap sur la Manche.
Sur ce parcours verdoyant et bucolique, l’enfilade des écluses de Hédé-Bazouges ne laisse d’étonner. Pour franchir un dénivelé de vingt-sept mètres sur une distance d’un peu plus de deux kilomètres, il faut passer onze sas successifs, comme autant de marches d’un escalier aquatique. À chaque écluse, le même rituel : la manœuvre des vantaux, l’échange amical avec l’éclusière ou l’éclusier et la conversation qui s’engage avec les badauds qui, immanquablement, s’arrêtent pour ne rien perdre de l’insolite manège. Mais rien ne presse ; au fil de la voie d’eau, le temps s’étire. Installé dans une maison éclusière, le Musée du canal raconte la riche histoire de sa construction - qui s’est étalée sur vingt-huit !- et la vie batelière d’autrefois.
