Bretons, il était une fois l'Amérique...

Soumis par Bretagne.com le dim, 04/29/2018 - 15:19

Marcel Fournier, historien et généalogiste québécois, a sorti en 2005 un magistral ouvrage sur « Les Bretons en Amérique française 1504-2004 ». Le livre s'ouvre sur des précisions historiques sur les pionniers de l'immigration française vers la Nouvelle France. Cette Nouvelle France correspondait aux possessions françaises avant 1763, date de leur cession à l'Angleterre. A leur apogée, elles comptaient cinq colonies : Canada, Acadie, Baie d'Hudson, Terre-Neuve et Louisiane.L'ouvrage se poursuit par une enquête sur le parcours de 115 pionniers bretons à partir d'archives.

Que représentent les années 1504-2004 ? 1504 est l'année du premier écrit mentionnant la présence de pêcheurs bretons sur les côtes de Terre-Neuve. Il est possible qu'ils venaient avant et même peut-être avant la première traversée de Christophe Colomb (en 1492). 2004 parce que j'ai choisi de suivre des parcours d'immigrants jusqu'à la fin du XX e siècle.

Quelle importance a eu cette immigration ? Il faudra attendre la fondation de Québec, en 1608, pour qu'une véritable colonie française s'implante. Les principales régions d'origine des colons étaient l'Île-de-France, le Poitou, la Normandie et la Bretagne. Du début de la colonisation jusqu'à la conquête de 1760, on estime que 47.000 Français ont foulé le sol de l'Amérique du Nord, 17.000 s'y sont établis et 11.000 se sont mariés, devenant les pionniers du Québec d'aujourd'hui. Pour les Bretons, ils venaient surtout de l'est de la région, notamment par Saint-Malo. On en a recensé 2.300 sur cette période mais il y a dû en avoir beaucoup plus, car ils ne se présentaient pas tous comme bretons.

Il y a plusieurs vagues d'immigration ? Après cette première période, il y a eu peu d'immigrants au XIX e siècle. Il faudra attendre le début du XX e siècle pour voir de nouveaux déplacements. On peut citer, en 1903, le cas de l'abbé Le Floc'h de Magoar (22) qui recrutera 330 Bretons qui fonderont la paroisse de Saint-Brieuc. En général, des vagues d'immigration ont lieu avant et après les guerres. Plus récemment en 1950, des agents canadiens rencontraient en Bretagne les candidats au départ. Il y a aujourd'hui 3.000 Bretons nés en Bretagne qui vivent au Québec.

Des personnalités bretonnes ont marqué l'histoire ? Il y a eu les découvreurs comme Jacques Cartier. La Bretagne a aussi donné trois gouverneurs et même trois évêques. Contrairement à l'idée reçue, ce n'était pas obligatoirement une immigration pauvre.

Et les patronymes ? Quarante-cinq Bretons des origines ont laissé une descendance patronymique : Kerouac, Poliquin, Tanguay (pour Tanguy). Beaucoup d'immigrants, militaires, avaient des surnoms qui ont été retenus quand il a fallu choisir un nom. On connaît un François Quéméneur de Ploudaniel, dit La flamme, qui a laissé son surnom à sa descendance. En 2004, il n'y avait plus de Quémeneur mais 8.900 Laflamme et une association des descendants du pionnier au Québec. Par ailleurs, on ne trouve pas vraiment de traces de la langue bretonne, même si elle devait être parlée.

Comment avez-vous travaillé ? Comme en France, nous avons les anciens registres paroissiaux, les archives de l'amirauté. Elles n'ont pas souffert chez nous des guerres et révolutions. J'ai aussi sollicité des correspondants en Bretagne pour remonter les filiations des migrants dans leur village d'origine.

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