Mucoviscidose. Chez les Celtes il y a 2.500 ans

Soumis par Bretagne.com le jeu, 08/23/2007 - 11:35

Des chercheurs brestois ont fait « parler » les dents d'ancêtres celtes exhumés d'une sépulture autrichienne vieille de près de 2.500 ans. Trois individus étaient porteurs de la plus fréquente des mutations du gène de la mucoviscidose.

Extraire et étudier l'ADN de dents retrouvées sur des squelettes datant de 2.500 ans est la tâche délicate qui a été confiée à Cédric Le Maréchal, du laboratoire Inserm U 613, génétique moléculaire et épidémiologique, dirigé par le Professeur Claude Férec, à Brest.

Trois individus sur 32

« Des précautions importantes ont été prises avant de piler chaque dent, afin d'en extraire l'ADN. Il ne fallait surtout pas risquer de contaminer le produit avec un autre ADN », explique le Professeur Claude Férec. Finalement, 32 des 46 dents, correspondant à autant d'individus, ont fini par « parler ». Sur les 32 dents dont l'ADN a pu être extrait et amplifié, trois appartenaient à des sujets porteurs de la mutation Delta 508 de la mucoviscidose, la plus fréquente encore aujourd'hui, puisqu'elle concerne 70 % des malades.

Cimetières en Autriche

L'étude a été menée en collaboration avec l'équipe du professeur américain Philip Farrell, de l'université de Madison, dans le Wisconsin, et des anthropologues européens. Ces derniers travaillaient sur trois cimetières celtes aux environs de Vienne en Autriche, remontant à la pleine période de la Tène, au cours de laquelle l'expansion des Celtes en Europe occidentale a culminé. La date d'inhumation de ces squelettes a pu être mesurée au Carbone 14, entre - 255 ans avant JC pour les plus récentes et - 544 ans avant JC pour les plus anciennes. La région, située entre Prague et le sud-ouest de l'Allemagne, est le berceau de la civilisation celtique qui s'est diffusée jusqu'en Irlande.Les observations des scientifiques avaient permis, à partir des os du bassin, de déterminer le sexe de chaque dépouille exhumée. La génétique a permis de confirmer ces mesures.

Sur la piste d'une mutation vieille de 3.000 ans

Une analyse plus fouillée doit suivre. « Il est difficile de tirer des conclusions à partir d'une aussi petite série, mais l'on constate déjà que la mutation semblait plus fréquente à l'époque qu'aujourd'hui, où on la retrouve non pas chez une personne sur 10, mais plutôt sur 30 ou 35. À moins que nous soyons en présence d'une sépulture familiale. Le fait de porter cette mutation avait peut-être un effet protecteur, ce qui expliquerait qu'elle soit aussi présente dans la population ». Cette première enquête de « paléoépidémiologie » devrait connaître des développements. Le laboratoire doit collaborer prochainement avec d'autres archéologues autour de sépultures, situées en France cette fois. L'enquête sur la piste de la mucoviscidose à travers les siècles se poursuit. Selon des calculs de probabilité, la mutation du gène serait apparue il y a 3.000 ans.

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