Le calvaire de Tronoën

Soumis par Annick Fleitour le lun, 05/14/2018 - 11:17

Voilà plus de deux mille ans que les hommes élisent Tronoën comme haut-lieu de spiritualité. Déjà les Romains y avaient édifié un temple à Vénus anadyomène (sortie des eaux). Au pied du tertre, sous le sable de Saint-Urnel, gisent les importants vestiges du cimetière chrétien du haut Moyen Âge le plus ancien de Bretagne. Sous les ducs de Bretagne, vers 1425, on élève une chapelle altière sur cette palue bosselée, riveraine de la baie d’Audierne, où soufflent esprit et vents marins.

Rare édifice voute en Bretagne, la chapelle Notre-Dame de Tronoën, aux allures de cathédrale rustique, surprend par ses dimensions hors normes. Vers 1460, elle s’enrichit d’un calvaire, le premier des grands calvaires bretons. Sur un soubassement massif se déroulent dans le granit et la pierre de Kersanton les principaux épisodes de l’enfance et de la passion du Christ. Sur deux frises étagées, surmontées des croix de Jésus et des larrons, la pierre décline un émouvant livre sculpté, conçu comme une bande dessinée à destination de populations analphabètes par des religieux pédagogues.

Le burin des “ imagiers ” anonymes a fait naître d’émouvants personnages. Le sable, le sel et les lichens ont inexorablement rongé la Vierge en gésine, les rois mages, les soldats romains, Jacques le Majeur, le Christ ressuscité et les anges hématophores. Ils n’en sont que plus touchants. En nous donnant la mesure des siècles qui passent, ils nous inscrivent dans une longue lignée humaine. Sur cette hauteur inspirée, face aux irréversibles outrages du temps, ils nous interrogent sur notre propre finitude.

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