Dans les landes et tourbières de Brasparts

Soumis par Bretagne.com le mer, 01/25/2006 - 09:56

Avec ses sommets culminant à plus de 380 mètres, le pays de Brasparts domine la Bretagne. Avec ses bas-fonds de tourbières et de marais, avec ses immenses landes désertiques, il offre le spectacle majestueux et désolé de ses steppes arides.

Avec ses vallées encaissées aux versants couverts de grands bois et ses villages perchés sur ses collines arrondies quadrillées par les champs, il évoque le calme des campagnes paisibles de l'Argoat, vivant leur vie réglée au bord de l'inconnu.

A force d'être extrême, cette terre est devenue magique. A la lisière de l'irréel, là où les légendes s'écrivent dans le paysage et prennent corps dans la pierre, c'est le royaume de l'imaginaire, le pays des loups, le domaine de l'Ankou. Voyage aux frontières mouvantes de la raison et du mystère.

Le Mont-Saint-Michel de Brasparts domine de sa masse orgueilleuse la plaine pelée qui s'étend jusqu'à Brennilis et aux contreforts de la chaîne des Roc'h. Grâce à la petite chapelle érigée à son sommet, dont la croix culmine à 391 mètres, il coiffe d'une courte tête son voisin et alter ego le Tuchen Kador : lui ne s'est pas haussé du col grâce à la fantaisie des hommes.

Tricherie ? Ainsi en ont jugé les géographes d'aujourd'hui qui, refusant de tenir compte de l'artifice architectural du mont, ont rabaissé son altitude à celle que lui ont donné la nature : 380 mètres. De sorte qu'ils ont reconnu au Tuchen Kador -ou Signal de Toussaines, de son nom français- le privilège d'être le point culminant de la Bretagne, avec ses 384 mètres. Quoiqu'il en soit, l'un comme l'autre vaut le détour, et chacun offre aux visiteurs un inégalable panorama. Car même si les sommets bretons n'ont, sur le papier, que des altitudes de modestes communes, ils se donnent, quand on prend la peine de les gravir, des allures de montagnes.

La montagne à cheval

Une bénédiction pour les amateurs de randonnées équestres en quête de solitude : le centre de Rugornou tourne au ralenti hors saison et telle une véritable usine en période estivale. Ceux qui souhaitent découvrir la beauté sauvage intacte et préservée de ce pays magique aux paysages grandioses ont tout intérêt à profiter de ces périodes hors vacances où les sentiers des monts et des bois n'appartiennent qu'à eux. Le centre du Rugornou propose des formules de randonnées à cheval 'tout compris' (gîte, couchage, repas...), à la semaine ou au week-end.

Les menhirs à la noce de pierre

Au pied de Mont-Saint-Michel, un alignement mégalithique comportant une vingtaine de petits menhirs porte le nom d'Eured Ven, la noce de pierre. La légende veut en effet qu'une noce paysanne, possédée par le démon de la danse, ait refusé de laisser le passage au recteur de Brasparts qui allait porter l'extrême-onction à l'un de ses paroissiens mourant.

L'homme d'Eglise et l'enfant de choeur qui l'accompagnait ont dû marcher à travers les landes et broussailles pour accomplir leur mission. Quant aux noceurs, ils ont été punis pour leur méchante attitude : à la dernière note de la dernière danse, ils ont été changés en pierres.

Le Yeun Ellez, porte de l'Enfer

Au fond de l'immense cirque de landes dominée par les hauteurs du Roch Trévézel et du Mont-Saint-Michel, le lac de Brennilis a noyé voici plus de 50 ans les tourbières du Youdic. Il n'y avait là qu'une mare d'eau stagnante avant la construction du barrage de Nestavel. Une mare sans fond, l'une des portes de l'Enfer. C'est dans ces eaux mystérieuses que, selon les légendes de la Mort, les prêtres exorcistes précipitaient les chiens noirs dans lesquels ils avaient enfermé les démons hantant l'âme des possédés; ces défunts refusés aux portes du paradis et revenus sur terre tracassèrent les vivants.

La légende du Saint au Cerf

Le village de Lannédern groupe quelques maisons autour de son église et son ossuaire gravé de masques macabres (l'Ankou, toujours lui). Dans l'église, fermée en dehors des offices, six panneaux de pierre sculptée évoquent la légende de saint Edern, représenté chevauchant son cerf sur le calvaire qui se dresse au beau milieu du cimetière. Saint Edern, un moine irlandais de la Légende Dorée, s'est d'abord fait connaître en terre douarneniste, où la petite vache qui constituait son seul cheptel donnait les plus beaux blés aux champs où elle vagabondait. Mais il est surtout connu pour le cerf venu se mettre sous sa protection, alors qu'il était traqué, et pour ses démêlés avec sa soeur Jenovefa.

Cette dernière s'est fixée à Loqueffret, et lui en ce lieu auquel il devait donner son nom. Chacun a construit son église et, pour délimiter leur territoire, il a été conclu que reviendrait au frère le domaine qu'il aurait parcouru entre la tombée de la nuit et le chant du Coq. Edern, chevauchant son compagnon, le cerf a parcouru une distance considérable et arrivait aux portes de Loqueffret lorsque sa soeur, voyant sa paroisse lui échapper, a fait crier un coq en le plongeant dans l'eau d'une auge. Il en est résulté une solide brouille entre le frère et la soeur qui ont chacun maudit l'église de l'autre : celle d'Edern ne devait jamais avoir de haut clocher, et celle de Jenovefa devait voir ses cloches se fêler.

La Maison des Artisans

Non loin de Roch Quelyan, qui marque le point culminant de la balade, une ferme en bordure de la route du mont abrite la Maison des Artisans-Créateurs de Bretagne.

Gérée par une association regroupant une centaine d'artisans d'art de la région, cette expo présente des tissages, poteries, bijoux, gravures, tableaux, sculptures, vêtements, cuirs, maquettes, demi-coques, peintures sur soie, ou jouets en bois.

De la petite broche au magnifique samouraï signé de la potière Francine Toulemonde, on peut s'y procurer un petit souvenir ou cadeau de valeur.

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