Daoulas, L'Hôpital-Camfrout, le charme tranquille

Daoulas, L'Hôpital-Camfrout, le charme tranquille

Entre quatre voies et fond de rade, Daoulas et L'Hôpital-Camfrout sont devenues de calmes bourgades, tranquilles comme elles n'ont jamais été : après avoir perdu le trafic de leurs ports de rivières marines pour cause de développement du transport routier, elles ont aussi perdu leur trafic terrestre.

Publié le 02/09/2005
Modifié le 28/10/2020
A- A+
L'Hôpital-Camfrout

Aussi loin que remonte leur histoire, Daoulas et L'Hôpital-Camfrout ont été des lieux de passage. Légions, pillards, colons, pèlerins, commerçants ont emprunté, au fil des siècles, les voies maritimes et terrestres que se sont nouées ici.  Voici près de 2.000 ans, une voie romaine passait par le ruisseau du Camfrout qui se jette dans la rivière de l'Hôpital. Voici 1.500 ans, les Bretons, chassés de leur île par les Saxons, sont venus en remontant les rivières.

Parmi eux, Saint Jaoua, fondateur légendaire de l'abbaye de Daoulas en 510. Il aurait converti le puissant seigneur du Faou qui, irrité par la conversion de ses proches au christianisme, avait massacré saint Tadec et saint Judulus, donnant ainsi son nom à l'abbaye qu'il devait financer pour expier son double crime (daou laz : double meurtre en breton) .

Des pirates destructeurs

C'est par la mer également que les pirates normands sont venus porter la destruction, au Xe siècle. Deux cents ans plus tard, alors qu'intervenait la nouvelle fondation de l'abbaye par les moines de Saint-Augustin, les Hospitaliers de Saint-Jean bâtissaient une halte pour les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle. Cet hôtel médiéval faisait également fonction de léproserie, d'où le nom du lieu-dit « L'Hôpital ». Les deux bourgades de fond de rivière ont ensuite développé leur trafic portuaire.

Jusqu'à une date encore récente, les gabares de la rade de Brest allaient et venaient dans les estuaires au rythme des marées. L'un de ces navires de charge, le « Notre-Dame de Rumengol », a été sauvé de la ruine par l'association « An Test » et se trouve aujourd'hui à L'Hôpital, dont il partage le quai avec un autre navire ancien, le coquillier

« Bergère de Domrémy» 

Aujourd'hui, les deux petites cités ne voient plus que le passage estival des vacanciers venus goûter les charmes de la presqu'île de Logonna et des enfants des classes de mer se rendant à Moulin-Mer.

La jolie rivière de Camfrout

La voie express, décaissée à flanc de coteau à la hauteur de L'Hôpital-Camfrout, tranche en deux le bois du Gars qui domine la jolie rivière du Camfrout sinuant au creux de sa vallée. Ce vaste espace forestier de 200 hectares a été cédé à l'Etat et la Région par son propriétaire privé à la fin 1991. Il est désormais accessible au public, pour peu qu'il en découvre les entrées, non encore balisées. A en croire la légende, l'ermite saint Conval en aurait été chassé par le seigneur du lieu pour avoir coupé quelques pieds de chêne afin de bâtir son oratoire. En s'en allant, le saint aurait lancé une malédiction sur ce bois, prophétisant qu'on n'y trouverait plus de quoi fabriquer un timon de charrette. Réfugié en forêt du Cranou, le seigneur local, plus complaisant, l'autorisa à utiliser les arbres comme il le souhaitait. Ce dont le récompensa Conval, en prédisant qu'ici jamais le bois ne manquerait.

Une autre légende, totalement différente, aboutit à une malédiction identique. Un méchant forgeron ayant abandonné à la mer une maie contenant ses sept enfants en bas âge, l'équipage s'échoua à Daoulas. Mais personne ne voulut accueillir les enfants. Ceux-ci maudirent alors les habitants, disant que 'jamais le bois du Gars ne fournirait arbre assez gros pour en tirer un timon de charrette'. Ces malédictions sont devenues par la suite réalité : depuis lors, le bois n'était plus que taillis.

Les légendes n'ont toutefois pas résisté au reboisement dont a fait l'objet, ces dernières années, la colline, aujourd'hui coiffée d'arbres de haute futaie. Mais le bois du Gars est quand même loin de rivaliser avec la splendeur de la forêt du Cranou...

Des calvaires dans la roche

Des milliers de calvaires et de tombes, d'églises et de maisons, ont été érigés en kersanton, ce granit gris au grain si fin, tendre sous le ciseau du tailleur de pierre, et de plus en plus dur fil du temps. Cette pierre renommée doit son nom au hameau qui borde la rive droite de la rivière de L'Hôpital-Camfrout, à quelques centaines de mètres en aval du pont (il en existe également un gisement non loin de là, à Kersanton en Loperhet). C'est là, d'une impressionnante cuvette taillée dans la roche et cachée derrière le versant de la falaise, qu'ont été extraits les blocs de construction qui ont servi à ériger les merveilles gothiques des XVe et XVIe siècles, parmi lesquelles une multitude de porches, les calvaires de Plougastel-Daoulas, Guimiliau et Pleyben, ou encore le jucher du Folgoët.

Après avoir longé la berge de la rivière côté Logonna, on accède à ces carrières désaffectées en prenant un sentier à droite face au campement des gens du voyage.

Une gorge étroite taillée dans la falaise mène à l'étonnant cirque de pierre aux parois abruptes plongeant dans deux lacs bleus.

Rechercher un hébergement à proximité
Contenus sponsorisés