Les Bretonnismes

Soumis par Bretagne.com le mer, 02/29/2012 - 14:41

Le parler français par les Bretons est doté d'une saveur toute particulière. Imprégné de la syntaxe ou du vocabulaire de la langue bretonne, ces bretonnismes sont une véritable richesse. Les connaître, ou même les découvrir, constitue une première étape avant d'apprendre ou réapprendre le breton ; à moins que cela ne soit pour améliorer son français ?

Qu'est ce qu'un bretonnisme ? Hervé Lossec dans son ouvrage dédié, l'explique avec exactitude comme une tournure propre à la langue bretonne passé dans la langue française.

Il peut s'agir alors d'une tournure grammaticale traduite mot à mot et qui peut choquer certains francophones ou d'un mot breton passé dans le français local.

Bretagne.com vous propose un florilège de ces expressions, pour que vous soyez incollables lors des prochaines discussions de comptoirs !

Morceaux choisis

Attraper son pegement : Pegement (prononcez péguémenn) veut dire «combien» en breton. Attraper (prendre, recevoir) son «combien» signifie donc se faire remonter les bretelles, avoir son dû, ce qu'on mérite, se faire remettre en place, subir des remarques désobligeantes... On peut aussi, à l'inverse, dire son pegement à quelqu'un, c'est-à-dire lui dire ses quatre vérités, tout ce que l'on a sur le coeur.

Biz' à la carotte : Expression bilingue avec biz (doigt). Pour se moquer d'un enfant qui vient de faire une bêtise ou qui pleure, on tend un index et on le frotte avec l'index de l'autre main, en lui disant sur un air de comptine: biz à la carotte.

Celle-là, c'est une pikez : Pikez, nom breton de la pie-grièche, et au figuré: chipie, coquine, enquiquineuse ou encore commère qui adore lancer des piques ou des coups de becs acérés comme celui de la pie. Bizarrement, ce nom n'a pas d'équivalent masculin.

Être dans le lagenn ou tomber dans le lagenn : En breton le lagenn (prononcez lag-guenn), c'est le bourbier. Si une affaire n'avance pas aussi vite que vous le voulez, elle est dans le lagenn. Si la personne que vous attendez depuis des heures n'arrive pas, c'est qu'elle est tombée dans le lagenn, comme il y a quelque soixante années seulement, à l'époque où les imprudents embourbaient leurs charrettes dans un chemin étroit ou une prairie humide.

C'est une brell : C'est de l'argot mais aussi du breton. Brell qualifie quelqu'un d'écervelé, de fantasque, qui ne mène aucune action à bien.

Faire un tour de tos-tos : S'amuser sur les autos-tamponneuses à la fête foraine. Voilà un joli mot breton, bien expressif et remplaçant avantageusement le mot français bien trop long. C'est un dérivé du verbe breton tosañ, lui-même d'origine germanique, voulant dire choquer, heurter.

Comment que c'est : Ou mieux encore «comment que c'est avec toi?». Expressions courantes pour demander «comment ça va?» dans un sens large. Calque exact du breton, «penaos eo?».

Y a eu du reuz : Voilà un mot que l'on glisse volontiers dans les conversations, par malice ou par connivence. Il y a eu du reuz : du bruit, de l'agitation. 'Reuz' pourrait d'ailleurs remplacer avantageusement le mot 'buzz' en anglais.

Quelques définitions

Coaguer : cabosser, froisser, bosseler

Glabousser : bavarder, parler sans réflechir, radoter

Grignouser : pleurnicher, rechigner. Un grignous est un pleurnichard, un ronchon

Karguer : charger, remplir → J'ai kargué mes bottes

Lonker : avaler comme un glouton, engloutir, boire avec excès. Un lonker est donc un ivrogne, un soiffard

Ribouler : passer et repasser, ne pas tenir en place, faire la fête. Rien à voir avec son sens français populaire : 'rouler des yeux avec étonnement'. Aller en riboul se dit, chez nous, pour une fête arrosée, une sortie en bande, une bordée et plus local encore : Aller en piste.

Strinker : éclabousser, faire gicler

Scarber : gratter, égratigner et par extension : aller à la pêche à pieds soit gratter le sable, pour rigadeller (pêcher ou chercher des coques)

Autres usages surprenants de mots français

L'usage de certains mots français veulent dire tout autre chose pour le breton et sont très largement employés comme :

Envoyer : Chez, c'est très simple, on envoie tout ! On envoie son cartable (apporte), on envoie sa belle mère à la gare (conduit), on envoie ses choses (emporte)...

Fréquenter : est très souvent employé dans le seul sens 'avoir des relations amoureuses' comme en vieux français.

Avec : L'emploi abusif d' "avec" débouche sur des bretonnismes savoureux, utilisés sans modération.

J'ai été au lit avec le docteur - comprenez : le docteur a prescrit le lit

Il est parti avec le cancer - comprenez : le cancer l'a emporté

Du bruit il y a avec eux - comprenez : ils ont fait du bruit

Mon parapluie est venu avec moi - comprenez : j'ai pris mon parapluie

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