De passage dans le Morbihan, il y répertorie les monuments dignes d'entrer dans le patrimoine national.
1835. La malle-poste crottée par les pluies de septembre dépose un Mérimée fourbu sur le pavé lorientais : « J'ai fait vingt lieues aujourd'hui en changeant sept fois de voiture dans d'horribles machines sans ressort. Je suis roué, moulu ...»
Infatigable voyageur, l'inspecteur général des Monuments historiques sillonne la France pour répertorier les monuments dignes d'entrer dans le patrimoine national. Pressé, Prosper fait l'impasse sur une grand partie du Morbihan et jette un ?il acéré sur le reste.
Il a plutôt la dent dure. Du tombeau d'Olivier de Clisson et Marguerite de Rohan, il écrit : « Il était impossible de le faire de plus mauvais goût ». Auray et Vannes le laissent indifférent. L'église d'Hennebont, la Vénus de Quinipily, les Hercules de Locminé et l'église abbatiale de Saint-Gildas de Rhuys trouvent grâce à ses yeux.
Passion archéologie
Les monuments « druidiques », heureusement, emportent son enthousiasme. Son étonnement est à son comble lorsqu'il atteint, après plusieurs échouages, l'île de Gavrinis. Il s'en retourne, convaincu de l'intérêt de conserver tumulus, dolmens et pierres levées.
Ses « Notes d'un voyage dans l'ouest de la France » (1836) relatent cette découverte des mégalithes. Prosper préfère le tumulus au tombeau.
Chroniqueur à la cour
Chez Mérimée, donc, ni pathos ni compassion. Ses nouvelles et romans présentent des faits de manière brute, vidés de toute émotion et attendrissement. La sécheresse de son écriture tranche avec son style de vie : Mérimée est aussi réputé pour la qualité de son habit qui fait de lui un des plus élégants dandys de l'époque. Il suit la cour dans tous ses déplacements, participe au jeu de la dictée dont la cour est très friande.
Cette position privilégiée auprès de l'empereur Napoléon III donne également à ses chroniques une dimension historique inégalée.