Colette s'amuse, jardine, se baigne à Saint-Coulomb.
1910. Rozven -Rose des Vents- accueille les amours de Colette et Missy, la marquise de Belbeuf. Il s'agit d'une grande maison bourgeoise blottie dans un creux de verdure. Un vallon glisse jusqu'à la plage de la Touesse, d'où l'on découvre la pointe du Grouin. C'est là que Sidonie-Gabrielle Colette passe chaque été, entre 1910 et 1926.
Bel-Gazou, sa petite-fille, et ses amis l'y rejoignent : « Au sortir de la gare, à Saint-Malo, tu trouves des voitures à cheval. Tu en élis une et tu lui dis : allons à Saint-Coulomb. Car le cocher peut n'entraver que pouic au nom Rozven. A Saint-Coulomb, tu hèles par exemple, quelqu'un de chez Mahé-Guibert, petit commerce d'étoffe (c'est écrit sur la porte, au tournant de l'église), et tu demandes à la bonne femme le chemin de chez madame de Jouvenel. Et tu t'amènes, avec ton cheval, en loucedé », écrit Colette en 1920 à un de ses invités.
Scandale au Matin
A Saint-Coulomb, Colette bricole, jardine, se baigne, s'amuse beaucoup et écrit. Henry de Jouvenel a remplacé Missy, et la rencontre de Colette avec ses jeunes beaux-fils -nés d'unpremier mariage- fournira la matière première aux textes qui apportent le succès à Colette : « Chéri », « Le Blé en herbe », ou la rencontre entre une femme mûre et un tout jeune homme.
Une histoire que publie Henry de Jouvenel dans son journal Le Matin mais qu'il est obligé d'interrompre sous la pression des lecteurs, très choqués. Les années folles prennent pourtant fermement le pas sur la Belle Epoque. Plus permanent que ses amours pour les hommes, l'amour de Colette pour la Bretagne apparaît surtout dans sa correspondance : « Il fait excessivement breton et si doux... Il y a cette mer, ces bains de sable, la respiration incessante de la vague, du cidre, des nuits tièdes, des jours frais, des chats rayés, trois enfants aimables et moi. Viens donc... »
