Le Chouchen breton : l’hydromel de Bretagne

Le Chouchen breton : l’hydromel de Bretagne

Avec un ou deux « n », le chouchen est la dénomination la plus rependue de l’hydromel en Bretagne. Également appelé « mez » en breton, le chouchen devient « chamillard » dans les pays Gallo (Haute Bretagne) ou encore « chufere » lorsqu’il est produit sur une base de cidre et non d’eau. D’où nous provient cette boisson alcoolisée, ambrée et liquoreuse à la fois si bretonne et pourtant si universelle ?

Publié le 22/04/2021
Modifié le 03/04/2024
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chouchen breton, l'hydromel de Bretagne
Le Télégramme Tourisme

Le chouchen est une boisson alcoolisée titrant généralement entre 12 % et 15 % vol. Comme tous les hydromels, il est fabriqué à partir d’eau et de miel fermenté auxquels on ajoute parfois du jus de pomme ou du cidre. Mais quelle est l’histoire de cet alcool breton si typique ?

Histoire de l’hydromel breton

Le chouchen est bien plus récent que l’on pense ! L’hydromel en lui-même est une boisson alcoolisée dont on atteste l’existence depuis l’Antiquité, mais qui est probablement produite et consommée depuis bien plus longtemps.

Sur le territoire de l’actuelle Bretagne, les Celtes en buvaient aux mêmes titres que les Romains, les Grecs et toutes les autres civilisations qui exploitaient les ruches et leur précieux nectar : le miel.

Le chouchen en tant que tel a été imaginé à la fin du 19ᵉ siècle par un certain M. Le Moal, négociant de Rosporden. Comme l’atteste un article du 15 novembre 1895 dans le journal de l’Union agricole et Maritime, l’hydromel en question prenait le nom de « Souchen » et aurait des vertus contre l’influenza.

extrait de journal de l'Union agricole et Maritime datant du 15 novembre 1895 faisant mention du chouchen (souchen) pour la première fois
Extrait de journal de l'Union agricole et Maritime datant du 15 novembre 1895 faisant mention du chouchen (souchen) pour la première fois

 

Les années passant, le souchen devint chouchen et c’est Joseph Postic, un autre négociant et futur maire de Rosporden, qui décide de déposer officiellement le terme « chouchen » en 1920. Le chouchen est donc une propriété industrielle qui se développe en Bretagne. Bien qu’il n’y ait factuellement aucune différence avec un hydromel quelconque, le chouchen se différencie par son aspect culturel et ce qu’il évoque auprès de ses consommateurs.

Sa grande popularité croît particulièrement dans les années 1970 avec l’essor des fest noz, ces fêtes nocturnes où les jeunes Bretons embrassent à nouveau leur culture. En tant que produit star, le chouchen était tombé dans le domaine public et tout le monde utilisait ce terme pour désigner l’hydromel fabriqué en Bretagne.

D’où provient l’appellation « chouchen » ?

Il provient du Souchen, la première appellation d’un hydromel breton en 1895. Lorsque M. Le Moal appelle son hydromel « souchen », c’est possiblement en référence aux souches d’arbres où les abeilles trouvaient refuge pour établir leur ruche. Mais avant d’être un mot du langage commun, le chouchen était une marque.

Il n’existe aujourd’hui aucune AOC, AOP ou IGP venant protéger le chouchen breton, car il n’est malheureusement pas assez différenciant des autres hydromels fabriqués dans le monde. Du miel fermenté dans l’eau est probablement le plus vieil alcool jamais fabriqué.

 

De plus, il n’existe pas de chouchen 100 % breton, car la production de miel est insuffisante en Bretagne. De nos jours, la culture intensive et l’utilisation de produits phytosanitaires empêchent la prolifération d’arbres et de fleurs dont les abeilles se délectent habituellement. Le miel est bien souvent importé, alors qu’autrefois, un miel de sarrasin bien breton était utilisé avant la mécanisation des champs des années 1950 et 1960.

Comment boire le chouchen ?

À l’apéritif, en entrée fruitée ou en dessert, le chouchen accompagne bien le sucré. Selon son propre degré de sucre, le chouchen se définit en quatre types différents : sec, demi-sec, doux et liquoreux.

Pur, le chouchen se boit frais, idéalement entre 8 et 10 °C et surtout sans glaçon ! Mais il peut également entrer dans la composition de cocktails 100 % breton :

  • Chas-grip (grog) : ⅔ eau chaude, ⅓ chouchen, 1 cuillère à café de miel, 1 zeste de citron

  • Kir Breton : crème de cassis dans le fond du verre, la même dose en chouchen, compléter avec du cidre brut.

  • Punch Breton : glace pilée, ⅓ rhum blanc, ⅓ chouchen, ⅓ sucre de canne liquide, 1 trait de jus de citron

La légende dit que si l’on boit du chouchen artisanal en excès, des effets très violents peuvent survenir, assommant le buveur et le faisant tomber à la renverse. La faute à la méthode d’extraction du miel qui consisterait à écraser les rayons entièrement. Les abeilles, piégées dans le processus, déverseraient malgré elles le venin coupable de ces effets renversants. 

 

L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.

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