Un fleuve jaillit de l'oubli

Un fleuve jaillit de l'oubli

Jusqu'en septembre, à l'écomusée de Rennes, l'exposition Une histoire d'eaux fait sourdre une nouvelle vision de la Vilaine, qui fut essentiellement au commerce et aux loisirs. 

Publié le 07/05/2019
Modifié le 02/08/2019
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Un fleuve jaillit de l'oubli

Il est, aux confins orientaux de la Bretagne, un cours d’eau au nom peu engageant. Au détour de la route, en franchissant un pont, vous verrez un petit écriteau “La Vilaine”. Vous le recroiserez parfois, entre Redon et Rennes. Puis vous le retrouverez, anonyme, coincé entre deux hauts murs de granit, s’écoulant dans la capitale bretonne. Là, ses eaux ne vous feront pas rêver et vous pourrez juger – hâtivement – qu’il n’a pas volé son nom. Pauvre fleuve, méconnu, oublié, caché même dans le centre de Rennes…

Qui imaginerait aujourd’hui le commerce qui s’y déroulait, les bateaux qu’il «portait», l’enjeu économique et technique qu’a supposé sa navigabilité, le casse-tête qu’il a représenté pour des générations et des générations d’ingénieurs, l’entreprise humaine qu’a été son aménagement pour tous ces travailleurs accourus de Guérande, de Lamballe et de Saint-Malo? Qui se souvient aujourd’hui des rêves d’ailleurs qu’engendraient chez les enfants ces péniches chargées de sable, de bois et de denrées exotiques? Quelles traces reste-t-il du monde de la batellerie bretonne, de la vie de ces mariniers et de leurs familles, toujours sur l’eau, toujours entre deux ports?

Une histoire bien irriguée

Car malgré son nom, malgré son aspect parfois simple et insignifiant, la Vilaine a une histoire dense et originale. Depuis les premières implantations humaines sur ses rives, elle lave, abreuve les bêtes, protège des attaques, achemine les denrées et fait tourner les moulins. Pendant longtemps, elle a représenté un atout – parfois complexe, parfois sauvage – que les hommes ont cherché à dompter pour en tirer parti. Certes, il reste peu de choses aujourd’hui des centaines de pêcheries qui alimentaient les communautés religieuses, des bateaux-lavoirs qui s’alignaient les uns derrière les autres le long des quais de Rennes et de Redon, des tanneries qui ont fait la richesse du pays rennais…

Mais l’on peut encore admirer les anciens moulins comme ceux du Boël et de la Molière qui ont conservé l’architecture originelle – et originale – des moulins de Vilaine, les majestueuses minoteries du XIXesiècle, comme celle d’Apigné transformée en briqueterie, ou la maçonnerie des écluses de la fin du XVIIIesiècle et leurs petites maisons d’éclusiers. Saurez-vous lire, dans la forme de ces moulins, la lutte des hommes contre les courants parfois violents ? Saurez-vous comprendre, face aux ruines des anciennes écluses, les stratégies des ingénieurs de l’époque? Saurez-vous sentir, dans l’usure du granit des écluses, dans les traces imprimées par le frottement des cordages tendus, le passage de générations et de générations de mariniers?

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